Cahiers techniques • Cahier Technique 23 - Spectres de dimensionnement (2002)
Le présent Cahier Technique comprend trois contributions centrées pour l'essentiel sur la détermination des mouvements sismiques de calcul. Elles débordent cependant parfois ce cadre strict pour aller vers les "spectres de dimensionnement".
La première, signée M. Ordaz, correspond à la conférence d'honneur de l'AFPS en 2001. J'en recommande la lecture à tous ceux qui n'ont pu y assister, car elle peut préfigurer une prochaine génération de règles parasismiques intégrant simultanément des aspects microzonage très détaillés (et ce grâce à une excellente couverture instrumentale, très dense), les nouvelles formulations en déplacement, et une attention particulière au coefficient de comportement séparé ici en 2 composantes, l'une liée explicitement au comportement ductile, et l'autre aux réserves de résistance " mal connues" des bâtiments. Ce texte est la traduction d'un article en espagnol, effectuée grâce aux talents hispanisants de J. Betbeder-Matibet qui nous montre ainsi une nouvelle facette de sa multidisciplinarité si précieuse !
La seconde correspond à un travail de synthèse mené voici quelques années par J. Betbeder-Matibet et M. Bour dans le cadre du GT "Mouvements sismiques pour l'ingénieur", qui ont rassemblé, sélectionné, harmonisé et documenté un certain nombre de "relations d'atténuation empiriques" disponibles dans la littérature internationale. Cette synthèse sera sans aucun doute très utile à tous ceux qui font des études d'aléa, et qui n'auront plus ainsi à aller à la pêche aux informations dans des revues très diverses, et à éplucher les articles originaux pour savoir quelles sont les définitions des magnitudes, distances, catégories de site utilisées (sans parler des unités...) Un énorme merci pour ce travail sans doute ingrat mais très utile.
Cette synthèse montre aussi la très grande variabilité des observations d'un événement, d'un site à l'autre, et donc des prévisions de mouvements. D'où l'absolue nécessité de la mesure de ces mouvements (qui nous a bien manqué par exemple lors du séisme d'Annecy Epagny du 15/07/1996 !). Après bien des atermoiements, et grâce aux efforts du MATE et de la communauté académique, la France dispose maintenant d'un tel réseau de mesure, le RAP, qui associe différents organismes au sein d'un Groupement d'Intérêt Scientifique. Le directeur du RAP (D. Hatzfeld), et le président du GISRAP (F. Cotton) nous en présentent ici les grandes lignes, ainsi que quelques résultats préliminaires, tels qu'ils ont été exposés lors du CS T de décembre 2001. Il est certain qu'à l'avenir, il y aura de forts échanges entre le RAP et l'AFPS, à commencer par une journée technique commune programmée pour l'automne 2002.
Ces trois contributions montrent qu'en matière de mouvements sismiques, même si l'on dispose de modèles relativement opérationnels, la base de la pratique courante reste les observations. Ce sont d'ailleurs aussi ces dernières qui ont déclenché les principales évolutions récentes (prise en compte des termes de champ proche et de directivité à proximité immédiate de la faille après les séismes de Landers et de Kobé, révision des effets non-linéaires après ceux de Mexico et Loma Prieta, importance des effets de bassin après ceux de Kobé et Northridge, ...).
Parallèlement, les avancées et évolutions dans la réglementation ont toujours suivi aussi le retour d'expérience et les constatations de dommages lors des séismes destructeurs. Assez curieusement cependant, ces constatations restent encore essentiellement qualitatives, fondées sur l'observation de dommages et leur mise en relation avec des dispositifs ou techniques de construction. Ne serait-il pas temps maintenant, alors que les codes de calcul de structures deviennent de plus en plus sophistiqués, d'avoir aussi des mesures en structure, et donc d'envisager un programme d'instrumentation permanente ?