Cahiers techniques Cahier Technique 20 - Microzonage sismique de la ville de Bucarest (2000)

Les séismes récents de 1999, en Turquie (Kocaeli puis Dùzce) et à Taïwan (Chi Chi) ont encore montré l'influence importante des sols dans l'ampleur des catastrophes^*). A Adapazari, par exemple, localisée à l'est de l'épicentre du séisme de Kocaeli, on observe très bien un faible taux de dommages à l'entrée sud de la ville, située sur le rocher, alors que la majeure partie de la ville, au nord-est, située sur des alluvions souvent lâches, a été fortement touchée.

Les effets de site, par amplification des mouvements du sol (temporelle et fréquentielle) et les effets induits (liquéfaction à Adapazari, mais aussi mouvements de terrain) peuvent ainsi être à l'origine d'une aggravation notoire des dommages, comme cela a été observé et surtout enregistré depuis une vingtaine d'années, grâce à des réseaux accélérométriques de plus en plus denses et performants (plus de 300 accélérogrammes disponibles après le séisme de Chi Chi à Taïwan).

Il est donc fondamental de mieux prendre en compte ces effets dus au sol, à la fois en matière de construction, dans les codes parasismiques, grâce à des études géotechniques adéquates, et en matière d'aménagement, à partir d'une cartographie dite de microzonage sismique, relayée par des dispositions réglementaires, comme les Plans de Prévention des Risques (PPR) en France.

Les 3 articles de ce cahier technique répondent à cette problématique.

Les deux premiers, de P.Y. Bard, F. Cotton et P. Lussou, ont été réalisés dans le cadre des travaux du groupe de travail : « Mouvements sismiques de l'ingénieur» (M.S.I.) de l'AFPS.

Ces travaux ont permis en particulier de faire évoluer ceux du groupe de travail de l'Eurocode EC8 (notamment lors des réunions de décembre 1999 et mars 2000), pour aboutir à des formes spectrales plus conformes aux observations récentes.

Ces formes spectrales devront elles-mêmes être calées à l'accélération dite « au rocher » à partir de nouvelles réflexions et études sur le zonage sismique de chacun des pays européens (Le groupe de travail « zonage sismique » de l'AFPS a été constitué en juillet 2000 à la demande de la Puissance Publique). Tout ceci doit aboutir à des décisions plus cohérentes pour la fin de l'année 2002, avec l'application de l'EC8, pour tous les pays européens.

Le troisième article, de D. Lungu, A. Aldea, C. Arion, S. Demetriu et T. Cornea, présente l'exemple du microzonage de Bucarest. Cette étude a reçu le soutien de l'AFPS. Elle est fondamentale pour cette ville, compte tenu du contexte de sismicité spécifique de cette partie de la Roumanie : des séismes importants (Mw>7), provenant de la région de Vrancea, située à plus de 100 km de Bucarest, à grande profondeur (>100 km), peuvent en effet générer des mouvements sismiques forts, susceptibles d'être amplifiés par la présence de sols de caractéristiques moyennes à faibles sur des épaisseurs notables.

Les périodes de réponse des sols sont de l'ordre de 0,4 à 1s et peuvent aller jusqu'à 1,6s, avec des spectres « à double bosse », observés en 1977 et 1986. Elles correspondent aux fréquences de réponse d'une grande partie des immeubles collectifs.

Ces résultats seront pris en compte dans une évaluation globale du risque sismique pour la ville de Bucarest, afin d'aboutir à un plan d'action conduisant à une réduction systématique de ce risque dans les vingt prochaines années. Cette démarche est par ailleurs en cours pour de nombreuses autres villes à travers le monde, dans le cadre et à la suite de différents programmes de la DIPCN (Décennie Internationale pour la Prévention des Catastrophes Naturelles) : programmes RADIUS (dans le Monde), GEMITIS et GEP-Nice (en France), HAZUS (aux Etats-Unis), RISK-UE (en Europe), etc.

afps_cahier_technique_2000_20.pdf