Cahiers techniques Cahier Technique 24 - Risque sismique (2002)

La communauté des Ingénieurs du Génie Parasismique se doit de mettre au point une méthodologie pour aider à faire des simulations et des projections des pertes en vies humaines ainsi que des impacts économiques résultant d'un séisme majeur.

A titre d'exemple, les experts américains ont prévu, à la suite d'études de vulnérabilité, que le futur « big one» en Californie générera probablement dix fois plus de victimes que les 3 000 vies humaines du World Trade Center, avec une perte économique supérieure à 100 milliards de Dollars US.

Les projections des pertes dues aux séismes futurs accusent un accroissement en spirale. Cela est dû à l'accroissement de la population, à l'urbanisation galopante, commerciale et industrielle, dans des zones où l'aléa est de plus en plus important, tels que terrains liquéfiables sur la côte, terrains gagnés sur la mer ou proches des sites failles.

Ainsi nous nous devons d'arrêter cette croissance de la vulnérabilité des bâtiments situés en zone sismique.

Un premier moyen est de concevoir et dimensionner correctement toutes les constructions neuves. Mais le renouvellement du parc immobilier est très lent, et le problème de la réduction de la vulnérabilité de l'existant sera le défi majeur des prochaines décennies. La France n'a pas connu de séisme vraiment destructeur depuis presque un siècle. C'est une chance, mais elle a pour conséquence que nous ne disposons pas de retour d'expérience direct sur la vulnérabilité sismique réelle des constructions actuelles (et les techniques de construction ont beaucoup évolué au cours du dernier siècle!). Or le retour d'expérience a toujours été l'élément le plus convaincant et le plus moteur pour la sensibilisation, l'élaboration, et la mise en oeuvre pratique de nouvelles dispositions.

Le groupe de travail dirigé par M. Jean Battier avait donc une tâche très difficile, celle de défricher un chantier presque complètement vierge en France, et où ne peuvent que très difficilement se transposer les outils et les modes de fonctionnement de l'industrie nucléaire, habituée à des budgets beaucoup plus importants.

Le présent rapport, volontairement limité à une catégorie précise de bâtiments, ne peut donc avoir la prétention d'apporter des réponses définitives aux innombrables questions que pose ce problème de la vulnérabilité du bâti existant "à risque normal". Néanmoins, il a l'immense mérite de permettre d'engager un travail de sensibilisation et de réflexion, et de proposer des outils simples - certainement perfectibles - adaptés au contexte économique et professionnel.
Rédigé par des ingénieurs de terrain, il est donc à considérer comme une première ébauche d'une méthodologie pouvant contribuer à relever cet immense défi, technologique, économique et social.

afps_cahier_technique_2002_24.pdf